La cause la plus fréquente d'empoisonnement est l'ingestion accidentelle d'acides inorganiques (chlorhydrique, sulfurique, nitrique) ou d'acides organiques (acétique, formique, oxalique, lactique). Il s'agit généralement de substances stockées à la maison mais mal protégées, d'où un risque d'ingestion accidentelle par l'enfant. Des acides forts sont également présents dans les liquides utilisés à la maison pour laver les installations sanitaires. Heureusement, dans de nombreux cas, le puissant effet corrosif, qui cause des dommages très rapides aux muqueuses de la bouche, fait que l'enfant n'avale pas l'acide, mais recrache le liquide ingéré accidentellement et que les dommages ne concernent que la bouche. L'ingestion d'acide corrosif, même en petite quantité, est beaucoup plus dangereuse, car elle provoque une nécrose coagulative des parois de l'œsophage et de l'estomac, avec une tendance à la formation d'ulcères profonds pouvant entraîner une perforation de l'œsophage ou de l'estomac. L'ingestion accidentelle de particules acides dans les voies respiratoires est également très dangereuse, avec un risque de laryngospasme violent. Les symptômes de l'ingestion d'acide sont des douleurs intenses dans la bouche, l'œsophage et l'épigastre. Le patient ne peut pas avaler, s'étouffe avec sa salive et vomit un contenu fusiforme avec des lambeaux de muqueuse abîmée. La bouche présente des rougeurs ou des ulcérations. En cas d'intoxication par des acides inorganiques forts, les lésions buccales deviennent jaunâtres (acide nitrique), blanchâtres (acide chlorhydrique) ou noircies (acide sulfurique). En l'absence de traitement approprié, un choc et une défaillance cardio-pulmonaire se développent. Si le patient survit, il risque la formation d'une cicatrice œsophagienne entraînant un rétrécissement et une obstruction du tractus gastro-intestinal supérieur.

Toute suspicion d'ingestion d'un acide fort par un enfant, même si l'enfant ne semble pas avoir avalé la substance corrosive, nécessite une attention médicale urgente et une hospitalisation. Une observation hospitalière avec contrôle du larynx, de l'œsophage et de l'estomac (examen ORL, gastroscopie) et parfois une bronchoscopie sont nécessaires. Les modifications du système respiratoire, visibles à la radiographie, peuvent n'apparaître qu'après quelques jours.

Immédiatement après l'intoxication, il convient de faire boire du lait contenant du blanc d'œuf de poule (environ 250 ml). L'idéal est de le faire immédiatement, dans les minutes qui suivent l'intoxication et au plus tard 30 minutes après l'ingestion de l'acide. Si l'on ne dispose ni de lait ni d'œufs, on peut donner de l'eau pure pour diluer la substance corrosive et en réduire l'effet. Même si l'on est sûr que la substance ingérée par l'enfant était un acide, il ne faut pas donner de substances alcalines pour neutraliser l'acide, car la réaction de l'acide avec l'alcali produit une grande quantité de gaz et augmente la température de l'environnement, ce qui peut aggraver la situation (risque de perforation de l'œsophage ou de l'estomac). Après 1 heure d'ingestion d'une substance corrosive, il ne faut plus rien administrer par voie orale. Si un enfant vomit, il faut l'empêcher de régurgiter (ne jamais le coucher sur le dos, mais uniquement sur le côté ou en position assise penchée vers l'avant). Ne faites jamais vomir l'enfant vous-même, au risque d'aggraver les lésions de l'œsophage ou de provoquer des spasmes du larynx lors du passage de la substance corrosive dans l'œsophage et la gorge. Ne stockez jamais de substances corrosives dans des bouteilles non étiquetées ou dans des endroits accessibles aux enfants.