Nous pensons souvent à une personne bavarde de la manière suivante : "Mais elle est bavarde. On ne peut rien dire". Mais sommes-nous sûrs d'utiliser le mot correctement ? Savons-nous ce que signifie ce terme médical ? L'affection connue sous le nom de verboténisme (du grec logorea - "lógos" mot, parole + "rhoá" rivière, flux) est un bon exemple de la façon dont le langage médical spécialisé tente de s'assimiler au langage courant.
Table des matières :
- "Vocabulaire" dans le langage familier
- "Vocabulaire en termes médicaux
- Dans quelles maladies neurologiques observe-t-on des mots ?
- Dans quelles maladies psychiatriques observe-t-on du vocabulaire ?
- Résumé
La question est de savoir comment cette assimilation a lieu et si le mot a le même sens dans les deux environnements. Si ce n'est pas le cas, ce qui arrive souvent, cela signifie que dans le nouvel environnement dans lequel il est incorporé, il commence à être utilisé dans le mauvais. Malheureusement, de plus en plus de mots issus de la nomenclature psychiatrique font leur entrée dans le langage courant. Il n'y aurait rien de mal à cela si ces mots étaient utilisés correctement, mais généralement, malheureusement, ils acquièrent de nouvelles significations ou sont utilisés comme des mots considérés comme offensants. La "schizophrénie" en est un exemple. En médecine, il désigne une maladie mentale grave caractérisée par une désintégration de la personnalité, des hallucinations auditives, des délires et des troubles des relations sociales. Dans le langage courant, "schizophrène" signifie "personne à l'ego dédoublé", "fou", "anormal", et certainement quelqu'un avec qui il vaut mieux ne pas s'engager. Comme le montre l'exemple ci-dessus, le nom d'une maladie grave est utilisé comme un terme péjoratif, éventuellement en guise d'avertissement. Un tel procédé stigmatise fortement les personnes réellement malades. En effet, par définition, elles sont considérées comme "mentales", "anormales", etc. Le processus de stigmatisation les exclut de la société. Cela vaut la peine d'y réfléchir la prochaine fois que nous répéterons un mot que nous ne comprenons pas tout à fait.
Le "vocabulaire" dans le langage courant
Un mot utilisé dans le contexte d'une personne qui a une quantité inhabituelle de choses à dire sur n'importe quel sujet. Cette personne n'écoute pas son interlocuteur, mais s'efforce de dire le plus grand nombre de mots possible dans un laps de temps donné. Dans le langage courant, l'expression "avoir de la verve" est utilisée comme synonyme de l'expression "être bavard".
"Vocabulaire" en termes médicaux
Dans le langage médical spécialisé, la verbosité est toujours un symptôme d'une maladie mentale ou neurologique.
En psychiatrie, on peut dire que la parole est la manifestation audible des pensées. Nous ne pouvons pas les entendre chez une autre personne, mais nous pouvons déduire les caractéristiques de son processus de pensée à partir de son discours. Un flot de pensées, une course aux pensées s'exprimera sous la forme d'une verbosité, c'est-à-dire d'un discours rapide et désordonné. Souvent sous forme de répétition de syllabes, de sons, de mots isolés. Les phrases suivantes sont incohérentes, illogiques, sans relation de cause à effet.
À son tour, le vide dans la tête, le ralentissement de la pensée se fait entendre sous la forme d'un discours lent et interrompu et, dans les cas particulièrement graves, le mutisme, c'est-à-dire l'absence totale de parole, peut survenir. En psychopathologie (le "langage de la psychiatrie" dans lequel tous les symptômes des troubles mentaux sont nommés et décrits), la verbosité appartient au groupe des troubles de la forme de la pensée. Dans ce groupe, le style et la forme de la parole sont détruits, alors que l'on parle de troubles du contenu de la pensée lorsque le patient émet des croyances délirantes, c'est-à-dire des jugements faux sur la réalité, dont il est absolument certain de la véracité.
Vocabulaire, photo : panthermedia
Comme le montrent les "définitions" citées plus haut, les mots au sens familier et au sens médical sont très différents. Gardons cela à l'esprit lorsque nous utilisons ce terme au quotidien.
Dans quelles maladies neurologiques observe-t-on la verbosité ?
En neurologie, un trouble sous forme de verbiage survient le plus souvent lorsque le centre sensoriel cortical du langage (centre de Wernicke) est endommagé. Il en résulte un tableau caractéristique d'aphasie sensorielle (trouble sensoriel du langage), dans lequel le patient ne comprend ni son propre discours ni celui des autres, bien qu'il n'éprouve pas de difficultés majeures à articuler les mots. Au contraire, son discours est agrammatique, jargonneux, plein de néologismes et prend souvent la forme d'un verbiage.
Le trouble, sous la forme d'une aphasie sensorielle, survient généralement à la suite d'un accident vasculaire cérébral ischémique localisé dans l'hémisphère cérébral gauche. Les centres corticaux associés à la parole sont situés dans l'hémisphère gauche, de sorte qu'une atteinte de cet hémisphère peut entraîner des troubles de la parole. Pour que le centre cortical sensoriel de la parole de Wernicke, situé dans la partie postérieure du lobe temporal gauche, soit endommagé, l'ischémie doit se produire dans le champ alimenté par l'artère cérébrale moyenne gauche (une branche directe de l'artère carotide interne).
Dans quelles maladies psychiatriques le verboten est-il observé ?
1) L'état maniaque
La verbosité fait partie du tableau caractéristique des troubles affectifs maniaques. Une personne en état de manie présente une humeur élevée ou irritable, une agitation psychomotrice. Elle se caractérise par des troubles formels de la pensée - pensées rapides, bavardage, verbosité. Elle présente souvent un besoin réduit de sommeil, une désinhibition sexuelle et des troubles du contenu de la pensée - le plus souvent des délires grandioses et de persécution. Il est important de noter que la personne atteinte n'a généralement aucune idée de son état. En d'autres termes, elle n'a pas conscience de sa maladie.
2) Schizophrénie catatonique
La vocalisation est une caractéristique d'une forme assez rare de schizophrénie : la schizophrénie catatonique. Ce type de schizophrénie provoque des perturbations principalement dans les domaines de la motricité et du mouvement. Elle peut se présenter sous deux formes : hypokinétique (ralentissement significatif des capacités motrices) ou hyperkinétique (augmentation des capacités motrices). Dans ce dernier cas, outre l'agitation psychomotrice, on observe une marche rapide et sans but, un charabia, un discours difficilement compréhensible et une image de verbosité. Ce type de schizophrénie peut être confondu, surtout dans les premiers stades, avec un état maniaque, d'où la nécessité d'un diagnostic différentiel approprié.
Vocabulaire, photo : panthermedia
Résumé
On voit donc que la cause du verbiage peut être une affection médicale très grave. L'aphasie sensorielle, qui résulte le plus souvent d'un accident vasculaire cérébral ischémique de l'hémisphère gauche, les états maniaques ou la schizophrénie catatonique sont autant de maladies graves qui nécessitent une prise en charge spécialisée et un traitement très précis. Par respect pour les personnes qui luttent réellement contre cette maladie, n'utilisons pas le terme "a verboten" pour insulter quelqu'un ou décrire crûment sa verbosité.