En janvier 1945, Feliks Kaczanowski, directeur de l'hôpital de Tworki avant la guerre, regarde par la fenêtre les Allemands qui évacuent. Comme beaucoup d'autres établissements médicaux, Tworki est dans un état déplorable. Une grande partie du personnel a été tuée, le matériel a été emporté ou détruit, les bâtiments sont dévastés. Cependant, le Dr Kaczanowski était conscient que, malgré tout, l'hôpital se distinguait des autres établissements psychiatriques : il avait réussi à survivre. Et a sauvé la vie de nombreux patients.
Victimes de la politique
Le Troisième Reich a cherché à exterminer les patients psychiatriques, les considérant comme un fardeau pour les sociétés en développement. Les malades ont été parmi les premières victimes du nazisme, sur lesquels ont été testées les méthodes utilisées plus tard dans les camps d'extermination. L'occupation a fait disparaître de nombreux centres psychiatriques de la carte de la Pologne, comme la Zofiówka à Otwock. On estime que plus de 20 000 patients sont morts pendant la guerre.
L'asile
Dans cet océan de ruines hospitalières, l'hôpital de Pruszków fait figure d'exception : il n'est pas liquidé, mais passe "simplement" sous domination allemande. On suppose qu'il le doit à sa réputation d'avant-guerre, à sa situation favorable et à ses vastes terrains, qui pouvaient être utilisés par les Allemands. Tworki devint également le foyer officiel de nombreux patients d'autres institutions dont la trace avait disparu - ce qui donna aux Allemands une excuse commode devant le public. Les rations des patients sont réduites de façon drastique, les pavillons sont privés de chauffage. Le taux de mortalité augmente énormément, mais l'institution continue de fonctionner, notamment grâce au grand engagement du personnel. Malgré la surveillance allemande, l'hôpital a caché de nombreuses personnes ; pendant l'insurrection de Varsovie, il a accueilli des soldats et des civils blessés. Après sa fermeture, plus de 2 500 blessés du camp de Pruszków y ont été transportés. Peu de temps après, ils ont vécu la libération.
En voyant les Allemands s'enfuir, le Dr Kaczanowski ne sait pas encore que moins de trois mois plus tard, il deviendra directeur de l'hôpital et que c'est lui qui sera chargé de relever l'institution de ses ruines. Il a été élu à ce poste par les votes du personnel, ce qui peut être considéré comme la meilleure des références. Au moment où il prend ses fonctions, il a déjà 12 ans d'ancienneté à Tworki ; 32 autres l'ont précédé.
La vie
Feliks Kaczanowski est né le 27 mai 1904 à Cracovie. Il termine ses études de médecine en 1930 et obtient un an plus tard le titre de "docteur en sciences médicales". Tworki a été son premier et - tout au long de son activité - principal lieu de travail. Alors qu'il était encore assistant, il a collaboré avec le Dr Witold Łuniewski, le directeur d'avant-guerre, qui l'a intéressé à la psychiatrie légale. Pendant de nombreuses années, le Dr Kaczanowski a été témoin expert dans ce domaine, donnant son avis sur de nombreux cas connus et médiatisés. Cependant, le plus important a toujours été son travail à l'hôpital, ses activités en faveur de l'hôpital et son contact avec les patients. Il est décédé en 1976, dans son bureau. Il a été enterré dans le cimetière de Tworkow, scellant ainsi son lien avec l'hôpital.
